Regard dans le rétro, la saga historique de votre réseau de transport - Publié le 24/04/2024

Vignette - Les tramways durant la première guerre mondiale

Au début de la guerre, un réseau de transport désorganisé

En 1914, comme la plupart des réseaux de transport en France, les premiers mois de la guerre désorganisent complètement le réseau de tramway du Havre. Dès le début, la CGFT (Compagnie Générale Française de Tramways) fait face à de nombreuses pénuries à la fois humaines et matérielles. 

Les salariés étant mobilisés pour participer à l'effort de guerre et pour se rendre sur le front, la compagnie dû former en urgence de nouveaux salariés pour assurer le service. Du personnel belge puis anglais est embauché pour devenir "wattmen". Des femmes sont ensuite formées pour devenir "receveuses" dès août 1914 et "wattwomen" à partir de juin 1916.

Receveurs à bord ?
Eh oui, auparavant, dans les tramways, c’était le receveur qui était chargé de "poinçonner" les tickets, il était également en charge de faire respecter le règlement à bord et d'annoncer les départs. Le conducteur quant à lui devait simplement rouler et s’arrêter. 

Malgré toutes ces mesures, un manque considérable de personnel de conduite se faisait ressentir avec des difficultés à la clé pour les voyageurs : une attente prolongée aux stations et une insuffisance de places disponibles à bord par exemple.

Le manque de techniciens spécialisés dans l'entretien des voies et des véhicules était également source de difficultés. La société de transport dû se limiter à des révisions mineures du matériel ayant pour conséquence des installations qui se dégradèrent durant toutes les années de la guerre.

Entre restructuration des lignes et hausse de la fréquentation

Afin d'assurer une meilleure rentabilité, la CGFT dû fermer plusieurs lignes dès 1915 : Gare/Jetée, Rond-Point/Pont Notre-Dame, Jetée/La Hève et Rond-Point/Phares.

La fermeture de ces lignes a permis à la compagnie de fournir un meilleur service aux employés à destination de leurs entreprises et de mieux gérer l'afflux des blessés provenant du front vers les hôpitaux militaires (situés au Casino de Frascati ou au Palais des Régates).

Entre 1914 et 1918, une hausse de la fréquentation spectaculaire est constatée :

  • Plus de 20,2 millions de voyageurs en 1914
  • Plus de 21,7 millions de voyageurs en 1915
  • Plus de 24,5 millions de voyageurs en 1916
  • Plus de 30.5 millions de voyageurs en 1917
  • Plus de 38,2 millions de voyageurs en 1918.

Une hausse de fréquentation qui s'explique par : l'arrivée de nombreux réfugiés belges, de l'implantation de camps militaires anglais et de l'arrivée de soldats américains à partir de 1917.

Cette forte fréquentation engendra des dangers encore inconnus à l'époque : comme de véritables "grappes humaines" qui s'accrochaient aux plateformes des tramways pour tenter de monter à bord.

Durant le conflit, certaines lignes ont pu tirer profit de la situation grâce notamment au transport : 

  • des ouvriers vers les entreprises avec les lignes Grand Quai/Grands Bassins et Hôtel de Ville/Nouveaux Abattoirs
  • des militaires vers Sainte-Adresse pour les loger et soigner les blessés grâce aux infrastructures du gouvernement belge

Des Belges au Havre ?
En 1914, suite à l'invasion de la Belgique par les Allemands, le gouvernement belge, en exil, a débarqué au Havre pour prendre ses quartiers à Sainte-Adresse. C'est ainsi que la Ville de Sainte-Adresse est devenue la capitale administrative et politique du royaume jusqu'en novembre 1918. En plus du gouvernement, ce sont 15000 militaires et 15000 ouvriers belges qui s'établiront à Sainte-Adresse.

Sources : Des omnibus aux tramways de Olivier Pringard