Actualités - Publié le 30/05/2023
Regard dans le rétro, la saga historique du réseau de transport !
Rendez-vous chaque mois pour découvrir une thématique ou tout autre évènement qui a fait l'histoire du réseau et des transports sur Le Havre et les communes environnantes.
Les trolleybus entre modernité et practicité
Le concept du trolleybus, qui fut l'un des principaux moyens de transport au Havre de 1947 à 1970, est souvent méconnu des jeunes habitants de la ville, étant donné la présence actuelle du tramway et des bus. Le trolleybus, un véhicule électrique sur pneumatiques, était alimenté en courant par une ligne aérienne à deux fils appelée "trolley". Son introduction au Havre s'est faite après une période d'essais en 1938.
Les premiers trolleybus en service au Havre étaient des Vetra CS60. Ces véhicules emblématiques mesuraient 9 mètres de long et étaient équipés d'un moteur électrique Alstom de 100 CV, leur permettant d'atteindre une vitesse maximale de 50 km/h. Avec une capacité de 60 places, dont 20 assises sur des sièges recouverts de simili cuir, ces trolleybus étaient à la fois modernes et confortables. Leur carrosserie monocoque entièrement métallique, dotée de grandes baies vitrées et de portes mécaniques, arboraient les couleurs de la ville, le bleu ciel et le bleu marine.
L'arrivée des trolleybus au Havre
Après la Seconde Guerre mondiale, la ville du Havre, confrontée à d'importants travaux de reconstruction, décide de remplacer progressivement les tramways par les trolleybus. En janvier 1945, le directeur de la CGFT (Compagnie Générale Française de Tramways) présente un ambitieux programme comprenant cinq nouvelles lignes de trolleybus, considérant les avantages économiques et la pénurie de pétrole de l'époque. Ce seront finalement 3 lignes de trolleybus qui verront le jour.
La ligne 8, reliant la gare aux Hallates par le Rond-Point, la rue Clovis, la rue Pasteur située au-dessus du tunnel abandonné, la place de la Liberté et l’avenue de Frileuse, est inaugurée le 1er août 1947.
A la fin 1947, on comptabilise 6 lignes de tramways (1, 2, 3, 4, 6 et 6C), 1 ligne de trolleybus (8) et 3 lignes d’autobus (D, E et 9).
Dès 1948, il est décidé de totalement supprimer les tramways et de convertir la totalité du réseau de l’époque en trolleybus mais face aux manques de moyens financiers et en raison de travaux d’ampleurs et des délais de réalisation des travaux, seules les lignes reliant la ville haute à la ville basse sont exploitées en trolleybus. Les autres lignes circulant en ville basse seront assurées en autobus.
Les modes de transport du réseau de l’époque évoluent progressivement. Les tramways sont remplacés par des autobus sur les lignes 1, 2, 3, 4 et 6C entre 1949 et 1951. Le 4 juin 1951, les tramways effectuent leur dernière journée de service. Dès le lendemain, le 5 juin 1951, la ligne 6 reliant la Gare, Sanvic et Bléville est assurée par des trolleybus. Le 14 août 1957, c'est au tour de la ligne 5 desservant la Gare jusqu'à la Hétraie d'être équipée avec ces véhicules.
Au total en 1957, 3 lignes sont en circulation grâce à 27 trolleybus.
< Découvrez le plan du réseau en 1962
La disparition des trolleybus
Malgré les bons résultats d'exploitation des premières lignes, la fermeture du constructeur Vetra en 1964 a rendu difficile l'entretien des trolleybus. L'arrivée de nouveaux autobus Saviem SC10U et l'élaboration d'un nouveau plan d'urbanisme en 1969 ont sonné le glas des trolleybus.
Le 29 décembre 1970, le dernier trolleybus circule dans les rues du Havre. Le seul "survivant" est le numéro 15, un trolleybus Vetra VBRH. Il a été donné par la compagnie le 24 juin 1971 au musée des transports urbains, interurbains et ruraux de l'AMTUIR, qui le conserve aujourd'hui.
Les trolleybus ont marqué une période importante de l'histoire des transports au Havre. Durant plus de deux décennies, ils ont été un moyen de transport apprécié pour leur silence, leur rapidité, leur confort et leur caractère non polluant. Malgré leur disparition, ils restent présents dans la mémoire collective des Havrais, notamment des générations qui ont connu ces véhicules électriques emblématiques.
Aujourd'hui, les tramways et les bus ont pris le relais, mais il est important de se souvenir de l'apport des trolleybus dans l'évolution des transports urbains de la ville du Havre.
Le concept Dell'Arte
Avec la création de la CTPO (Compagnie des Transports de la Porte Océane), le 1er janvier 1991, filiale de la CGFTE (Compagnie Générale Française des Transports et Entreprises) chargée de gérer les transports en commun de la ville du Havre, une marque commerciale est inventée : Bus Océane. Une nouvelle marque ayant pour but de mettre en avant l'identité Havraise et d'améliorer l'attractivité des transports en commun.
Cette nouvelle marque s'accompagne d'un véritable plan marketing, avec le lancement de grandes opérations médiatiques, des jeux concours, de la publicité par courrier... qui permettent de valoriser l'utilisation des transports en commun mais aussi de promouvoir la qualité du service et du personnel de l'entreprise.
Le lancement de Bus Océane s'accompagne aussi d'un nouveau slogan "Art de vie - art de ville" qui insère le bus au coeur de la vie de la cité et qui donne naissance au concept Dell'Arte.
Le concept qui vient à l'origine d'une volonté de valorisation des transports en commun, l'art contemporain s'est rapidement imposé comme axe de communication en adéquation avec le territoire havrais, berceau de l'impressionnisme. Transformer les bus en de gigantesques tableaux, pour favoriser l'accès à tous à la culture et transporter l'art au coeur de la cité océane, contribue également à créer une relation forte entre les habitants et le réseau de transport public.
> Le tout premier bus Dell'Arte imaginé par l'artiste Bernard Xenakis est ainsi mis en circulation en 1991.
Par la suite Dell'Arte est aussi décliné sur différents supports comme les affichages dans la ville, sur les bus mais aussi sur les titres de transport avec les cartes Dell'Arte !
La carte Dell'Arte était un prolongement naturel des bus Dell'Arte auprès de la clientèle abonnée en renforçant le dialogue direct entre l'artiste peintre et le public. Ces cartes disponibles pour les abonnements mensuels permettaient de voyager en illimité sur le réseau ! A l'image du Pass LiA aujourd'hui !
Disponibles chez de nombreux dépositaires à l'époque, les cartes Dell'Arte faisaient le bonheur des clients "collectionneurs" puisqu'elles représentaient un tableau de l'artiste, chaque mois différent !
Depuis 1991, ce ne sont pas moins de 14 bus Dell'Arte qui ont été mis en circulation ! Certains d'entre-eux ont été réformés, aujourd'hui, le parc de véhicules du réseau en comptabilise 10, le dernier bus Dell'arte a été inauguré en 2021 :
- André Vaillant - 1992 puis 2007
- Christian Torelli - 1995 puis 2013
- Serge Hanin - 1997 puis 2013
- Daniel Bovero - 1999 puis 2014
- Laurent Corvaisier - 2006
- Gilbert Dauguet - 2010
- Jace - 2013
- Fanny Bouyagui - 2017
- Patricia Harris - 2020
- Laura Kopf - 2021
Les camions-échelles
En 1945, à la fin de la guerre, la ville du Havre était réduite à l'état de cendres à la suite d'une série de bombardements. Le réseau de tramway en place à l'époque est complètement désorganisé par les destructions. Toutefois, entre octobre 1944 et la fin de l'année 1946, le réseau de tramway est remis en service progressivement et jusqu'à 7 lignes sont en circulation. Bien que la remise en service de ces lignes soit rapide, la Compagnie Générale Française de Tramways (CGFT) en charge de l'exploitation, décide de se tourner vers les autobus et les trolleybus.
📷 Camion-Echelle CGFT (réseau du Havre), sur la ligne de trolleybus n°8 (arrêt Hallates).
Il était une fois le camion-échelle !
Le Renault AHN est un camion fabriqué par le constructeur Français Renault en 1941. Très vite l’armée d’occupation détourne sa production pour le destiner à l’effort de guerre Allemand.
A la fin de la guerre, le réseau havrais acquière quelques camions AHN pour les transformer en « camions-échelles » afin de reconstruire le réseau de tramway et de développer les nouvelles lignes de trolleybus. Ils sont utilisés de 1947 à 1971.
Dans un premier temps utilisés à la réparation puis au démantelement des lignes aériennes électriques des tramways, ils servent dès 1947 à mettre en place les lignes aériennes électriques des trolleybus et à l'entretien courant des installations. Plus tard en 1971, ils serviront à la dépose des câbles électriques des trolleybus, supprimés un an plus tôt.
Ces véhicules sont imaginés avec des matériaux à bas coût ; ils sont en effet construits aux heures les plus compliquées de la guerre, époque à laquelle les matériaux manquent cruellement.
Ils étaient composés d'une plateforme extensible avec plusieurs positions :
- Position repos : les éléments repliés permettant d'utiliser le véhicule comme un camion classique.
- Position de travail : la tour "échelle" pouvait s’élèver jusqu’à 6m50 et une plateforme dépliée longue de 3m50 permettait à deux hommes de travailler ensemble sur les lignes électriques.
📷 Travaux d'installation de la ligne de trolleybus n°5, avenue du Bois au Coq.
La plateforme s'élevait dans les premiers temps à la main par l'intermédiaire d'une manivelle actionnant des poulies et des câbles. Par la suite, modernisation oblige, le levage était actionné par un vérin hydraulique.
📷 Le dernièr camion-échelle du Havre type AHN a été cédée à un collectionneur Normand à la fin des années 2000 (Crédit photo : Serge Tigé).
Depuis 2012, avec le retour du tramway, un camion-échelle hybride "rail-route" intervient régulièrement pour entretenir le réseau.
Le Tramway hippomobile
Dès 1872, la Ville du Havre envisage la création d'un réseau de tramway en étudiant différentes solutions. Elle sélectionne la Banque Française et Italienne qui propose la traction hippomobile.
Le cahier des charges est signé le 30 avril 1873 suivi par le lancement des travaux. Et c'est ainsi qu'en janvier 1874, le premier tramway havrais est lancé, Le Havre figurant ainsi comme la première ville de France après Paris à disposer de tramway "hippotractés".
Le 1er février 1874, la 1ère ligne Frascati (Jetée) - Octroi de Graville inaugurée et rencontre un vif succès. Deux autres lignes seront respectivement lancées en 1875 vers Sainte-Adresse puis en 1880 dans le quartier de l'Eure.
En 1876, la Banque Française et Italienne cède ses exploitations à la CGFT (Compagnie Générale Française de Tramways).
En 1881, la CGFT améliore ses services en disposant des kiosques aux stations importantes des tramways. Ils permettent ainsi aux usagers de s'abriter les jours de pluie.
En 1883, le réseau est composé de 4 lignes :
- Frascati (Jetée) - Octroi de Graville - Un parcours de près de 4km400 avec une forte ressemblance à la ligne C2
- Hôtel de Ville - Rond-point via la Gare - Un parcours d'un peu plus de 2km avec une forte ressemblance aux lignes de tramway en ville basse
- Hôtel de Ville - Sainte-Adresse - Un parcours d'un peu plus de 3km
- Gare - Quartier de l'Eure - Un parcours d'un peu plus de 1km700
La CGFT dispose à l'époque de 3 types de voitures qui peuvent circuler sur ces lignes :
- Les voitures sans impériales de 5,90m de long tirées par un seul cheval
- Les voitures à impériale tirées par deux chevaux du fait de leur poids plus conséquent.
- Les voitures ouvertes latéralement, en circulation notamment pour la période estivale.
Et les chevaux dans tout ça ?
On dénombrait 119 chevaux au début et jusqu'à 200 par la suite. Ils pouvaient travailler jusqu'à 2h30 par jour pour parcourir jusqu'à 20km.